24 novembre 2024

Les Hydronautes de France

Club de plongée-sous-marine d'Aulnay-sous-bois depuis 1969

Le mérou

Ecrit par Valy

Le mérou, c’est mon copain!  

Cela date d’il y a quelques années, depuis que j’ai plongé au paradis des mérous, aux îles Lavezzi en Corse. C’est vraiment là-bas que j’ai rencontré ces magnifiques poissons de la famille des serranidés. On les nourrissait de petits poissons, et je crois que c’est là que la communion s’est faite. Je l’ai touché: il m’a envoutée…
Les mérous des Lavezzi fonçaient vers nous pour venir happer les poissons que nous leur tendions d’une main, et de l’autre main on pouvait caresser leurs flancs.

La peau du mérou est épaisse, lisse mais tapissée de petites écailles. Le mérou de Méditerrénnée, ou mérou brun, ou encore Epinephelus marginatus, est de couleur brune, avec des tâches claires sur tout le corps. Chaque individu est différent et reconnaissable à ses tâches jaunes qu’il porte sur ses flancs. Tous les ans, des campagnes de comptage sont menées pour faire état de leur population et de leurs habitudes.

Quand à votre tour vous le rencontrerez, vous verrez que le mérou vous regarde. Il ne vous lache jamais du regard avec son petit oeil qui tourne dans son orbite, et il a une bonne vue. Et pour l’approcher au plus près, il vaut mieux arriver par le fond et remonter à sa rencontre. L’animal est ainsi moins effrayé de vous voir débarquer dans son monde et il vous laissera vous approcher davantage.
Le mérou est un animal curieux. Il ne partira pas trop vite et ne s’en ira que quand il l’aura voulu. Alors il sondera vers les profondeurs ou se retranchera dans un trou.

Le mérou vit en effet dans des trous mais pas n’importe lesquels. Plus l’animal grandit et plus il vit profond. Le mérou vit en général entre 20 et 200 mètres.
Les plus jeunes vivent souvent dans des failles entre 0 et 5 mètres. Plusieurs d’entre eux peuvent partager le même habitat. Puis le mérou grossit et change d’habitat. Jusqu’à 5 à 6 ans, le mérou descend entre 10 et 15 mètres pour chercher un trou idéal, en général dans les éboulis. Puis il grossit encore et il devient un animal solitaire. Il cherche alors une vraie « maison » entre les blocs entre 20 et 40 mètres de profondeur. Ces « maisons » sont les plus souvent des caches à plusieurs entrées ou sorties, afin que l’animal ne soit pas pris au piège dans son repère. Et quand on se poste devant l’entrée pour attendre qu’il ressorte de son trou, il y a bien longtemps qu’il est parti par la porte de derrière! Le mérou est curieux mais aussi malin!

Le mérou est malin mais il a bien failli disparaitre de nos eaux méditerranéennes car il ne savait pas comment échapper à tous les chasseurs et pêcheurs. Le mérou étant un poisson plutôt gros (il peut atteindre 1m50 pour 65 kilos pour les plus gros) et se laissant facilement approcher, peut-être fut-il victime de sa curiosité? Je ne sais pas, mais ce qui est certain c’est qu’on n’en voyait plus sur nos côtes.
Sans le moratoire qui le protège depuis 1993, il aurait sûrement disparu car sa descendance n’était plus assurée. Il était en fait victime de son mode de reproduction.

Un mérou c’est d’abord femelle, mais l’animal n’atteint sa maturité sexuelle qu’au bout de 5 ans, et ne peut pas être fécondé avant. Il restera femelle jusqu’à environ 9 à 10 ans.
Et puis un mérou, entre 10 et 14 ans, ça devient mâle. Le changement de sexe ne se fait pas à un âge précis, mais la majorité des individus sont devenus des mâles après 15 ans. Le mérou finira sa vie sous la forme d’un mâle qui pourra se reproduire pendant longtemps étant donné qu’il peut vivre jusqu’à 50 ans. Il lui faudra tout de même être entouré de plusieurs femelles pendant la période de reproduction.

Le mérou est un animal hermaphrodite*. On parle dans son cas de reproduction protérogynique* ou de protogynie*, c’est-à-dire de reproduction où c’est l’individu né femelle qui devient mâle, comme l’est également la girelle.
La période de reproduction se situe de juillet à septembre sur les côtes les plus chaudes de Méditerrannée. Depuis quelques années, on peut rencontrer des juvéniles sur nos côtes. Les mérous n’étant plus pêchés suite au moratoire, et les eaux se réchauffant, des bébés mérous naissent aussi sur nos côtes et plus seulement sur les côtes tunisiennes.

Tout va bien pour le mérou semble-t-il. Le moratoire a d’ailleurs été reconduit jusqu’au 31 décembre 2013. Il a encore des jours tranquilles devant lui et vous pourrez le rencontrer facilement lors de vos futures plongées en Méditerranée.
Le mérou n’est pas méchant mais faîtes attention à ses dents! Il possède plusieurs rangées de petites dents fines, tournées vers l’intérieur de la bouche. Ceci lui permet de pouvoir garder ses proies prisonnières après les avoir « aspirer » en ouvrant très largement sa gueule. Le mérou ne vous mordra pas, mais s’il referme ses groses lèvres sur vos doigts, il y aura infection. J’ai testé pour vous!

Le mérou est un bon chasseur. C’est un animal puissant qui peut produire de fortes accélérations. Il se nourrit de poissons plus petits, de poulpes, de crustacés.

Le mérou se mange et sa chair est fine dit-on. Mais moi je ne le mangerai pas. Le mérou c’est mon copain.

Les astérisques * à la fin de certains mots vous renvoient au Lexique de la bio pour plus d’explications.

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